Les débuts de sa carrière

Sa voix force l'admiration : peut-être aller au Conservatoire de Lyon, mais c'est toute une aventure ! "On mobilise le cheval et le petit break parternel... On franchit en une heure et demie les douze kilomètres qui séparent le Grand-Serre de Beaurepaire, et là, on prend le train omnibus qui rejoint Lyon..." (Robert de Fragny, EISE, 1953).

Ainsi ses débuts vont être une succession d'opportunités qu'elle va savoir saisir :

En 1909, au théâtre de la Glacière de Bourgoin-Jallieu, alors qu'elle ne doit avoir qu'un petit rôle, la première chanteuse de l'Opéra de Lyon est absente, c'est Ninon qui a le premier rôle.

Un jour, au Conservatoire de Lyon, l'Inspecteur Général, professeur au Conservatoire de Paris, fait sa tournée et remarque Ninon. C'est le départ pour le Conservatoire de Paris.

A Paris, elle a de petits engagements. Elle auditionne pour la création de Debussy Le Martyre de Saint-Sébastien. Les répétitions commencent ; on s'aperçoit que Ninon déchiffre et chante bien, on lui confie la tâche de faire répéter tous les solos, en attendant la soprane qui ne chante que la générale. En effet, c'est Ninon, âgée de 25 ans qui chante à toutes les représentations et gagne l'admiration de Debussy !

Un jour, Albert Carré, directeur de l'Opéra de Paris, est invité à une représentation par son ami ministre... L'opéra n'est pas fameux, mais il remarque "une demoiselle au maintien timide dont la voix, sitôt que je l'entendis, produisit sur moi la plus vive impression... " (Albert Carré, souvenirs de théâtre, Plon)

Entrée à l'Opéra-Comique, elle joue le rôle de Carmen...

 

Mais...

Le directeur de l'Opéra change.

"Albert Carré quitte l'Opéra-Comique pour le Français, et y fût remplacé par Gheusi, mon engagement durait encore, je ne pouvais le rompre, et je dus terminer pendant cette direction odieuse pour moi. Gheusi a écrit dans son livre Danse sur le Volcan que c'était lui qui m'avait formée... que sais-je... autant de mensonges accumulés, je ne sais dans quel but ; mais ce que je sais, c'est qu'il n'a cessé un seul jour de m'humilier... " (France Martis, une semaine avec Ninon Vallin, 1945, dossier d'artiste B.N.F.)

 

Un gala au profit des blessés de guerre va transformer sa carrière un peu compromise en carrière internationale !